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En chemin vers la société à mission : notre retour d’expérience

En septembre dernier, l’Observatoire des sociétés à mission – oui, ça existe ! – a publié son sixième baromètre. Le chiffre à retenir ? Plus de trois ans après la promulgation de la loi PACTE (pour “Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises”) le 22 mai 2019, on compte désormais 726 entreprises qui ont inscrit leur raison d’être et leurs objectifs sociaux et environnementaux dans leurs statuts. 

Un très bon bilan, une très bonne nouvelle. Ça vaut la peine d’être souligné 😉

Côté Gobi, on a hâte de rejoindre ces 726 entreprises dès début 2023 ! Nous avons bien avancé et on s’est dit qu’il était grand temps de vous partager un petit bilan intermédiaire… 

Car figurez-vous que pour une entreprise de la taille de Gobi, devenir une société à mission peut se révéler être une sacrée mission en elle-même. Même quand l’engagement coule de source, une mission qui tient la route ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval. Sa formulation peut prendre jusqu’à 2 ans !

Voici donc quelques éléments utiles : pour savoir de quoi l’on parle, passer en revue les principales étapes et revenir sur les premières leçons que l’on tire de cette aventure. 

Vamos !

Mission, raison d’être… de quoi on parle, au juste ?

Quand c’est flou, il y a un loup. Alors soyons précis. En adoptant la qualité de société à mission, une entreprise s’engage à mettre son activité au service d’engagements environnementaux et sociaux. Cet engagement implique trois principaux piliers :

  1. La formulation d’une mission inscrite dans les statuts juridiques. 
  2. L’évaluation de l’efficacité et le questionnement des actions et stratégies choisies par le biais d’une gouvernance adaptée, mise en place par l’entreprise.
  3. L’évaluation externe par un organisme indépendant. 

Pour ne pas s’emmêler les pinceaux : 

Société à mission” n’est pas un statut mais une qualité que les entreprises peuvent adopter. 

  • Le mot “mission” englobe la raison d’être et les objectifs sociaux et environnementaux qui l’accompagnent. 
  • La fameuse (et fantasmée) “raison d’être” désigne ce pourquoi une entreprise existe. Elle définit le rôle sociétal qu’elle veut avoir, c’est-à-dire sa contribution à la société. Et – sinon ce ne serait pas drôle – elle doit idéalement tenir en une ou deux phrases. 

Les “objectifs sociaux et environnementaux”, que l’entreprise se donne pour mission de poursuivre dans le cadre de son activité, peuvent être de simples phrases : pas besoin à ce stade de décliner tous les moyens mis en œuvre derrière. Chez Gobi, il y en aura quatre.

Voilà le vocabulaire tiré au clair. Restent quelques questions à se poser avant de se lancer…

Avant : à quoi s’attendre ? Faut-il se faire accompagner ? 

La loi PACTE a beau énoncer clairement ce que chaque entreprise doit livrer, elle ne préconise pas de méthodologie type. Les ressources mises à disposition par la Communauté des entreprises à mission (votre bible) sont précieuses, mais dans les faits, il existe autant de façons de faire que d’entreprises !

Ce n’est pas un hasard si aujourd’hui plus de la moitié des sociétés à mission sont des micro-entreprises : le chemin est en général moins long et moins complexe pour les petites structures. Souvent, il est aussi plus simple à parcourir pour des entreprises relativement jeunes. On constate que 40% des sociétés à mission ont été créées après 2020

Cela dit, 20% des entreprises concernées sont des PME de plus de 50 salariés, des ETI et des grandes entreprises. Tout est possible !

Quoiqu’il en soit, devenir une société à mission demande du temps, des ressources et du recul. Si un cabinet de conseil n’est pas à la portée de tout le monde, un accompagnement externe ou a minima une personne dédiée sur le sujet en interne est une bonne idée. Chez Gobi, nous avons accueilli une personne pour nous accompagner sur le projet de société à mission et nous mettre sur de bons rails. On vous en dit plus sur son profil à la fin de cet article qui lui doit beaucoup 🙂

Gardez en tête que bien s’entourer et ne pas faire les choses dans son coin reste le meilleur moyen d’écarter tout risque de greenwashing, ou même de “purpose washing” : cette tendance à utiliser une raison d’être largement bidon pour camoufler une activité beaucoup moins vertueuse dans les faits.

Pendant : les étapes parcourues jusqu’à présent par Gobi

Tout a commencé en 2010, en quelque sorte. Car depuis sa création, Gobi existe pour répondre à une problématique environnementale et sociétale : réduire l’utilisation du plastique à usage unique et donc les déchets. Pourtant, les années qui ont suivi la loi PACTE, nous étions si investis dans le développement de nos produits et dans l’obtention de labels (Origine France Garantie) et de l’agrément ESUS (pour entreprise solidaire d’utilité sociale) que nous n’avions pas encore pris le temps d’entamer ce grand chantier de la société à mission ! C’est désormais chose faite.

Gobi devient ESUS? Entreprise solidaire d'utilité sociale !

1. Se former. Se renseigner. 

En juin 2021, notre Directrice générale adjointe Laurène participe à la formation de la Communauté des Entreprises à Mission, Make Sense et Corporate for Change et décide d’accélérer le mouvement. On entre alors en contact avec une communauté désireuse d’avancer, qui met à disposition beaucoup de documentation pour nous aider. La réflexion est lancée !

2. Reprendre les bases.

Il nous faut sonder l’impulsion originelle des fondateurs de Gobi, pour bien comprendre notre ancrage et la mise en application jusqu’à maintenant. On épluche notre plateforme de marque, nos discours marketing, jusqu’à nous rendre compte que définir sa raison d’être, c’est une autre affaire ! Il s’agit désormais de construire une stratégie de long terme et d’amélioration continue.

Florence Baitinger et Samuel Degrémont
Samuel Degrémont et Florence Baitinger, les co-fondateurs Gobi

3. Mobiliser, s’ouvrir. 

Après avoir posé des bases entre fondateurs, on se lance dans une phase d’enquête avec l’implication de nos parties prenantes internes et externes. 

  • A l’externe, tous nos partenaires, prestataires et clients répondent à un questionnaire assez costaud, organisé autour de 16 enjeux à hiérarchiser et évaluer. Pour identifier ces enjeux, l’ISO 26000, la norme de référence pour la RSE, nous est très utile. 
  • En interne, tous nos collaborateurs sont briefés sur le sujet et vraiment écoutés. Quelle est leur vision ? Quelles sont leurs perceptions ? Ce sont eux qui font la force de Gobi depuis toutes ces années, ce sont eux qui bien souvent en parlent le mieux. Enfin, ils répondent, eux aussi, au questionnaire soumis à nos partenaires professionnels. 

L’idée n’est donc pas de soumettre une hypothèse à valider, mais de réellement faire participer et s’exprimer tout le monde. Les réponses ouvertes nous donnent énormément d’idées insoupçonnées. Et beaucoup de grain à moudre.

4. Formuler. Reformuler. Et encore reformuler.

Décidément, c’était une bonne idée de ne pas se précipiter sur la formulation de la raison d’être et de prendre au sérieux la phase de réflexion et de consultation… Nous voilà armés pour nous attaquer au “pourquoi” de Gobi – et pas seulement au comment ! La quête de la formulation idéale commence. Elle doit être percutante, inspirante, cohérente, compréhensible et traduire toute la singularité de Gobi. En quelques phrases, elle doit tenir lieu de boussole, d’étoile polaire vers laquelle tendent toutes les décisions stratégiques et dont découlent toutes les décisions opérationnelles. Elle doit être réaliste, mais pas timide. Audacieuse, mais pas hors sol. #nopressure. 

Flash Actu Gobi : ça y est, nous sommes entreprise à mission ! Découvrez notre mission juste ici

5. Constituer le comité de mission.

4 à 8 personnes pertinentes par rapport à la mission, qui se réuniront plusieurs fois  par an pour s’assurer de la bonne exécution de la mission et évaluer la pertinence des actions menées. Attention à bien choisir des profils différents et complémentaires, venant de l’interne et de l’externe.

6. Réunir l’AG pour modifier les statuts. 

Nos actionnaires devront voter les nouveaux statuts lors d’une Assemblée Générale. A la suite de quoi il nous sera nécessaire de remplir un CERFA en cochant la case correspondante à “société à mission”. Et dès réception de notre nouveau Kbis, ce sera of-fi-ciel. Promis, on fêtera ça ensemble !

Et après ?

Après avoir défini notre raison d’être, formulé notre mission, instauré la gouvernance de mission, géré le juridique, dompté l’administratif… le travail ne fait que commencer ! Comment faire vivre au quotidien et dans la durée sa qualité de société à mission ? 

  • Premièrement, en mettant des outils concrets en face des objectifs fixés.

Les objectifs sociaux et environnementaux à long terme tels que définis dans le statut doivent être déclinés en objectifs opérationnels à moyen terme. Chaque objectif opérationnel sera lié à des résultats quantitatifs ou qualitatifs : les deux doivent pouvoir être mesurés grâce à des indicateurs de suivi. A chaque objectif, les bons outils. Eh oui, on n’enfonce pas un clou avec un tournevis. L’idée est de créer un ruissellement (vous connaissez la théorie ?), c’est-à-dire que la mission infuse dans toute l’entreprise, à tous les niveaux et provoque une amélioration continue. 

  • Deuxièmement, en se faisant suivre et contrôler par son comité de mission.

Cette nouvelle gouvernance pour l’entreprise est chargée du suivi de sa mission. Elle s’assure de sa bonne exécution et présente annuellement un rapport à l’assemblée en charge de l’approbation de ses comptes.

  • Troisièmement, en se faisant évaluer régulièrement par un OTI.

Un OTI ? Un Organisme Tiers Indépendant accrédité par le COFRAC – cabinet de comptabilité, société d’audit… il en existe toute une liste – pour venir vérifier que les actions menées par l’entreprise vont dans le bon sens. Un travail d’harmonisation des pratiques d’audit est en cours, pour que tout le monde soit logé contrôlé à la même enseigne. A la suite de sa vérification, l’OTI émet un avis déclaratif que l’entreprise est tenue de publier. En cas de problème, c’est le tribunal de commerce qui peut être saisi. Dans le cas de Gobi, le rythme de contrôle prévu est au bout de 24 mois pour le premier, puis tous les trois ans. Ça laisse une marge de manœuvre certaine pour passer à l’action ou redresser la barre.

Une démarche collective

Certes, devenir une entreprise à mission n’est pas si facile. Mais le jeu en vaut largement la chandelle. Chez Gobi, on a pu constater à quel point le processus était collectif. L’ouverture aux autres et la richesse des relations tissées au fil des ans sont incroyablement gratifiantes et rassurantes. Elles rendent l’avenir plus prometteur et donnent une énergie folle pour avancer dans le bon sens, avec bon sens.

Curieux ? Motivés ? Toutes les informations sur comment devenir société à mission se trouvent ici. En attendant, on vous donne rendez-vous ici pour vous découvrir notre raison d’être. Vous avez une petite idée ? 

Un grand merci à Emilie Ta pour son accompagnement en tant que cheffe de projet dans notre démarche d’adoption de la qualité de société à mission. 

Après de longues années dans un grand groupe agro-alimentaire, Emilie a décidé de poursuivre sa carrière en lui donnant une tournure résolument engagée. Elle finalise actuellement une thèse dans le cadre de son mastère spécialisé en management global de la RSE et du développement durable à l’Ecole des Mines. Son sujet ? Le changement d’échelle pour une entreprise à impact, avec le dispositif de la société à mission comme un cadre protecteur…

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